Chez Franpoli

L'OMBRE DE L'AURORE
 
J’ai vu l'ombre de l'aurore 
s'agitant sur les flots de la mer 
J’ai vu le soleil aux rayons d'or 
remuant les yeux pervers 
l’arôme insigne d'une fleur. 

J'ai vu des formes blanches 
marchant parmi l'ombre verte des branches 
J'ai vu des allées de fleur formant une dune 
un soir au clair de lune 
Quelles fêtes galantes ! 

J'ai vu des spectres allongés sur la terre brune 
le matin, le soir, en rond comme des prunes 
J’ai vu les hommes agités de regret, de remord 
ou bien tout simplement de mort 
sur la terre brune, rougissant à l'appel des corps 

J'en ai vu agonisant à travers un cadre noir 
De par un douloureux devoir, 
Je voyais des fleurs rouges autour de massif en bronze, en
marbre 
parmi ces vies, ces formes qui ne dansaient plus autour des
arbres 
Je voyais des fantômes avancer en foule cadencée 

Sabine Bah 

L’eau

L’eau  fluidité  qui  coule  sans  moule

librement  à  travers  champs  sur  les  cailloux

ou  sur  les  joues  ou  qui  ruisselle  sous  les  aisselles

et  sur  les  fronts  des  marmitons

des  ouvriers  des  boulangers

sur  les  carreaux  de  la  croisée

ou  du  hammam  à  transpirer  comme  des  pompiers

dans  les  artères  de  la  Terre

dans  nos  systèmes  lymphatiques

dans  les  nuages – paysages

formes  extraordinaires

mouvantes  changeantes

et  poussées  par  le  vent

ou  qui  s’arrête,  saisie  transie

paralysie  durcie

petits  cristaux  si  beaux

brillant  sous  le  soleil

de  mille  diamants

tout  blancs

étendue  veloutée

bruits  étouffés

vie  suspendue  au  ralenti

et  qui  n’attend  pour  repartir

que  la  chaleur  du  printemps

pour  de  nouveau  courir  aux  champs

eau – source,  eau – vie,  merci.

Ysia