Chez Franpoli

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Perdu dans ses pensées


Perdu dans ses pensées


Perdu dans ses pensées, fidèle au rendez-vous, il était perpétuellement là. Comme tous les vendredis, depuis maintenant vint-huit ans, le regard vide, il regardait passer les trains. Jours de pluie, d’orage, de tempête hivernale, rien n’empêchait cet homme, surnommé «Maniako», de se trouver à son poste. Que faisait-il? À quoi pouvait-il penser? D’où lui venait cette obsession pour ces trains? Ce n’était certainement pas de l’amour qu’il ressentait pour les engins puisque nul ne l’avait vu esquisser un seul sourire lors de son rituel. Il y avait un énorme manque d’attendrissement dans son visage; que de tristesse et malheur y apparaissaient. Il était même arrivé à Maniako d’être violent avec les gens qui lui disaient qu’il perdait son temps à observer passer les trains. Personne n’avait réussi à connaître la raison de cette obsession, sauf un homme, à l’allure huppée, dont nous ne connaissions pas l’identité. Depuis quelques semaines, celui-ci venait discuter pendant des heures avec Maniako. Un grand mystère entourait ces deux êtres; tous les habitants qui les croisaient craignaient d’affronter leurs regards inquiétants et méprisants. Incroyable! Vendredi passé, Maniako n’y était pas, à regarder passer les trains. D’ailleurs, les engins n’y étaient plus également. Que s’était-il passé? On comprit plus tard que l’homme qui discutait parfois avec Maniako était un psychologue et qu’il avait demandé aux employés du musée de la ville d’enlever ces trains de leur vitrine puisqu’ils étaient la représentation miniature de ceux qui avaient tués les parents de Maniako lors d’une explosion, vingt-huit ans auparavant.


Auteur inconnu



04/05/2008
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